Les ékranoplanes

Si la pop-culture regorge de “Wunderwaffen” (armes miracles nazies) ou de projets militaires secrets issus de la Guerre Froide, on peut en revanche s’étonner de ne jamais l’avoir vue s’emparer d’un engin pourtant bien réel et parfaitement opérationnel : l’Ekranoplane. Et pourtant, on ne peut pas dire que ce genre de monstre, mi avion, mi navire, soit véritablement discret, et son look badass devrait immédiatement le qualifier comme un incontournable du jeu vidéo ou du blockbuster

 

L’effet de sol…

L’Ekranoplane (ou Ekranoplan) n’est, contrairement à ce que son apparence laisse penser, ni un avion, ni un navire. Il est ce qu’on désigne comme un engin à effet de sol.

L’effet de sol est un phénomène aérodynamique qui survient lorsqu’un objet volant se trouve près du sol. Il génère alors, par sa portance et sa trainée, un coussin d’air qui décuple ses performances. Les oiseaux maitrisent parfaitement cette propriété, qui est aussi très utilisée par les pilotes d’hélicoptère, ainsi que dans le sport automobile.

Le concept d’Ekranoplane, inventé par l’ingénieur russe Rostislav Alekseïev, exploite au maximum cette particularité physique : l’engin, équipé de puissants réacteurs, prend de la vitesse sur une surface aquatique, jusqu’à générer suffisamment de portance pour déclencher le fameux “effet de sol”, tout en restant le plus près possible de l’eau pour en maximiser le bénéfice.

 

Une arme miracle pour les Soviétiques ?

Pour l’URSS, la recherche sur les Ekranoplanes répond, globalement, à la même doctrine que celle qui porte les projets sur les hydroglisseurs géants  : transporter le plus vite possible (et sous les seuils radar) d’importantes quantités d’hommes et de matériels pour saisir des détroits stratégiques en Baltique, en mer du Nord, en Caspienne ou en Mer Noire…

Si l’option de l’hydroptère (navire équipé de foils, technologie aujourd’hui présente sur de nombreux bateaux de course, ainsi que sur certains semi-rigides destinés aux forces spéciales) est, un temps, étudiée, les ingénieurs soviétiques privilégient, dès les années 50, le concept d’Ekranoplane.

Ils se lancent alors, sous les ordres d’Alekseïev, dans la construction en mer Caspienne de toute une série d’appareils géants, dont le plus célèbre est le KM, surnommé le “Monstre de la Caspienne” : un ékranoplane de 100m de long, 40m d’envergure, et qui atteint la masse incroyable de 540 tonnes.

L’un de ses dérivés, le Lun, est aussi, en 1987, le seul Ekranoplane de combat à avoir passé le stade de prototype : armé de 6 missiles antinavires, il devait être capable de lancer des attaques fulgurantes sur les flottes ennemies.

La complexité et le coût exorbitant des Ekranoplanes auront raison de ce programme : au final, très peu d’exemplaires seront construits ou même mis en service avant l’effondrement de l’URSS. Aujourd’hui, la plupart de ces monstres pourrissent sur les bords de la Caspienne, mais certains sont aussi conservés dans des musées.

 

Le renouveau des Ekranoplanes ?

Si l’échec des projets soviétiques tient en partie à leur démesure, le concept d’Ekranoplane reste pertinent.

Aujourd’hui, plusieurs sociétés continuent donc à miser sur cette technologie, avec des projets bien plus modestes, et en y apportant les innovations modernes, notamment structurelles. L’idée est notamment de fournir des services équivalents à ceux des hydravions : ravitaillement, transport ou secours.

Projet britannique Seaglider pour des traversées de la Manche en 2028 – © Brittany Ferries / Regent

 

Mais alors que le combat amphibie a le vent en poupe, et que l’on parle de la zone Pacifique ou de l’Arctique comme de futures zones de conflit, les militaires voient aussi un avenir à l’ékranoplane : les Russes et les Chinois ont d’ores et déjà annoncé travailler sur de nouveaux concepts, et la DARPA américaine a aussi relancé en 2021 des études conceptuelles.

Alors, les ékranoplanes, spectaculaires appareils, vont-ils faire leur retour sur le champ de bataille du futur ?  Il est encore trop tôt pour le dire, mais ils mériteraient sans doute d’être plus présents dans le jeu vidéo, ou même pourquoi pas, le cinéma, car ils s’intègrent parfaitement dans des scenarii de techno-thriller ou de films d’action…

Les véhicules MRAP

Les vingt dernières années ont vu l’émergence globale et massive des MRAP (pour Mine Resistant Ambush Protected), véhicules surblindés et bardés d’électronique. Une tendance lourde (et c’est le cas de le dire) qui a fait de ces engins au look badass la coqueluche des jeux vidéo, des séries et des blockbusters… Mais, dans la réalité, les MRAP sont-ils le futur du véhicule militaire  ?

Ci-dessus: le Hummer, même renforcé, paraît désormais minuscule à coté de blindés MRAP.

 

La fin des « Humvees »

Avec le début des guerres en Irak et en Afghanistan, c’est l’un des symboles de l’Amérique qui montre ses limites. En effet, le Humvee, symbole indestructible des années Reagan, adulé par Arnold schwarzenegger et toute une génération de rappeurs, se trouve incapable de protéger les soldats. En quelques mois, des centaines de ces véhicules sont mis hors de combat, et les pertes humaines s’accumulent…

En effet, les insurgés irakiens, Al Qaeda et les Talibans qui ont su s’adapter et glisser de plus en plus vers des méthodes de “techno-guérilla” et l’usage massif des engins explosifs improvisés (les fameux “IED”). Les Humvees (tout comme l’ensemble des véhicules bâtis sur le même standard durant la Guerre Froide) montrent alors leurs faiblesses : un blindage insuffisant, un châssis inadapté face aux mines et aux explosifs, et l’absence de protection pour les servants de mitrailleuses, surexposés aux snipers et lors des embuscades.

Le JLTV (Joint Light Tactical Vehicule) d’Oshkosh est le successeur officiel du Humvee dans l’US Army.

 

La naissance de monstres

Après une tentative de parer à l’urgence en renforçant le blindage des Hummer (peu concluant d’ailleurs, les plaques additionnelles se transformant parfois en projectiles mortels pour les occupants du véhicule), les Américains d’abord, puis l’ensemble des armées et industriels dans le monde, comprennent que cette nouvelle forme de guerre implique de concevoir une nouvelle catégorie de véhicule, à même de protéger les hommes.

Dès le milieu des années 2000, les premiers MRAP imposent donc le concept d’un véhicule surélevé, surblindé et bardé d’armements téléopérés et de capteurs divers. De plus, la plupart d’entre eux ont un look résolument agressif, destiné à imposer leur présence et leur puissance de feu.

Ce dernier point n’est d’ailleurs pas négligeable, puisqu’il leur permet aussi de s’imposer dans beaucoup de forces de police, où ils sont utilisés pour le maintien de l’ordre, et de devenir un must have de tout film d’action, comme par exemple dans la série Fast & Furious.

 Fast and Furious 6.

 

Trop lourds ? Trop sophistiqués ? Trop chers ?

En quelques années, la plupart des fabricants de véhicules militaires ont imposé un ou plusieurs MRAP à leur catalogue. Sur les salons d’armement, on est aujourd’hui frappé de voir cette multitude de véhicules à roues, qualifiés de « légers », mais qui sont en réalité plus massifs que certains chars!

La plupart des MRAP sont aujourd’hui plus imposant qu’un char de bataille.

De fait, en plus de leur coût prohibitif qui ne leur permet pas de se substituer totalement au parc antérieur, les MRAP posent des problèmes de surconsommation de carburant, et de nombreux défis en ce qui concerne leur maintenance, rendue beaucoup plus difficile par la surabondance de systèmes électroniques et optroniques.

 Sur le plan opérationnel, se pose aussi la question de véhicules censés être mobiles et légers, mais en réalité si lourds et larges qu’ils ne peuvent pas emprunter toutes les pistes, ni pénétrer dans certains villages. De plus, leur image de vraie “forteresse” est aujourd’hui jugée comme contre-productive et exagérément agressive vis-à-vis des populations civiles, notamment dans des opérations de l’ordre.

Ces paradoxes font qu’aujourd’hui, de plus en plus de forces armées sont en recherche de l’exact contraire des MRAP : des véhicules légers et rapides, voire même découverts : buggys, quads, véhicules hybrides voire technicals… Un large panel donc, qui peut être utilement exploité par l’industrie de l’entertainement, à condition toutefois de conserver un semblant d’authenticité…

Les hovercrafts

Monstres d’acier conçus pour l’assaut amphibie, les aéroglisseurs, ou Hovercrafts, sont des icones de la pop-culture, et en particulier du jeu vidéo. On les voit par exemple, en 2011, foncer sur Hambourg dans Call of Duty Modern Warfare 3, ou être au cœur des affrontements de Battlefield 2042 (même si leur utilisation dans ce dernier est totalement irréaliste).

 

Des hovercrafts pour quoi faire?

Les aéroglisseurs militaires sont des engins massifs déployables qui fonctionnent sur un principe simple de la portance aérostatique sur coussin d’air sous faible pression, associée à la propulsion aérienne.

D’abord développé pour le civil, les aéroglisseurs ont pour mission d’établir des liaisons rapides entre des côtes peu éloignées, ou de pouvoir se déplacer rapidement sur des terrains marécageux ou glacés. Ils sont pourtant mis en retrait à partir des années 70 en raison de la multiplication des liaisons aériennes, et de l’augmentation du cout du carburant dont ils sont très consommateurs.

Les aéroglisseurs militaires répondent, globalement, aux mêmes besoins : projeter rapidement des forces importantes sur une plage, mais avec des doctrines différentes selon les pays… Et même s’ils n’ont jamais participé à la moindre opération amphibie d’envergure, ils restent en service dans quelques unes des principales forces armées du monde.

 

Instrument de prédilection pour le futur de l’US Navy ?

Les Marines, pour lesquels le débarquement amphibie est inscrit dans les gènes, et l’US Navy étudient le concept d’hovercraft depuis les années 1970. L’idée est de disposer d’engins rapides capables de projeter rapidement de grandes quantités de forces sur les plages à partir de navires de débarquement (comme les porte-aéronefs de classe Wasp) ou depuis des bases côtières.

Plusieurs prototypes d’engins lourds ne verront pas le jour, mais la Navy est dotée depuis 1984 du L.C.A.C. (Landing Craft Air Cushioned), une bête de 26 mètres et 182 tonnes à pleine charge. Entre 1987 et 2001, 91 modèles sont produits et servent notamment pendant la Guerre du Golfe.

Avec l’intensification des opérations dans la zone Pacifique, les hydroglisseurs redeviennent un engin particulièrement intéressant (comme l’hydravion d’ailleurs) et 68 LCAC vont être modernisés en attendant l’arrivée d’un nouvel engin, porté par le programme Sea BasetoShore Connector (SSC).

 

Les monstres russes et chinois

Pour l’URSS, la conception, à partir des années 60, d’engins géants, hydroglisseurs et ékranoplanes s’explique principalement, dans la perspective d’un conflit avec l’OTAN, par la nécessité de saisir au plus vite des détroits en Mer Noire, en Caspienne ou dans la Baltique en y projetant beaucoup d’hommes et de blindés, à même d’établir de solides têtes de pont.

C’est ainsi que naissent le Murena ou l’iconique Zoubr, long de 57 mètres, le plus gros hydroglisseur au monde, équipé de lance-roquettes multiple et pouvant transporter 500 hommes ou 3 chars lourds. Aujourd’hui, portée par ses ambitions en mer de Chine, la marine chinoise est devenue l’un des principaux utilisateurs d’hydroglisseurs lourds avec 2 Zubr, ainsi que plusieurs modèles produits localement comme le Type 726 “Yuyi”. De quoi à se confronter rapidement aux LCAC et à leurs successeurs…

Au même titre que les portes hélicoptères ou autres bases flottantes , ou même les appareils convertibles « tiltrotor » ou hydravions, les hovercrafts auront probablement un rôle important à jouer dans les conflits de demain, où les opérations amphibies sont déjà appelées à être déterminantes. Une bonne raison d’en comprendre l’intérêt, et de les intégrer au plus vite (et de manière cohérente) dans les scénarios…

La militarisation des hélicoptères civils

La plupart des hélicoptères, qu’ils soient civils ou militaires, sont conçus comme des plateformes particulièrement modulables, de véritables couteaux-suisse capables de s’adapter à différents types de missions. Pour autant, militariser un hélicoptère civil (ou le « crafter » pour reprendre un terme de gamer) n’est pas aussi facile qu’on pourrait le penser. A moins que…

 

La tradition des Alter Ego

Pour des raisons évidentes de maitrise des couts, il y a bien longtemps que la plupart des modèles d’hélicoptères moyens ou lourds sont déclinés en version civile et militaire. Souvent, les modèles civils dédiés aux applications de sécurité civile (sauvetage en mer, lutte anti-incendie) ou d’industries spécialisées (transfert de personnel sur les plateformes offshore) sont, de par leurs contraintes de rusticité et de fiabilité, très proches des cahiers des charges exigés par les militaires.

Pour autant, un hélicoptère de combat va toujours plus loin en termes de redondance ou de motorisation, qui doit notamment absorber le poids supplémentaire d’une structure renforcée, d’un blindage ou de systèmes d’arme ou d’observation, et permettre des manœuvres évasives…

Dès lors, son développement coûte extrêmement cher, et ce même si on dispose d’une base civile éprouvée et appréciée (ce qui ne garantit d’ailleurs pas son équivalent dans une utilisation militaire).

 

Du bricolage aux solutions hybrides

A Las Vegas, une société vous propose de tirer à la mitrailleuse depuis des hélicoptères initialement civils.

 

S’il est bien une tendance à l’œuvre dans le monde militaire, c’est celle de la militarisation de plateformes civiles, et nous avons déjà évoqué ce concept dans le cadre du CAS ou de la projection maritime pour les opérations spéciales.

D’abord réalisée de manière artisanale par quelques soudures et le montage de mitrailleuses ou de paniers de roquettes (sans forcément respecter le cahier des charges), la « militarisation » d’appareils civils s’est progressivement professionnalisée, avec l’apparition de solutions « clé en main » pour l’appui rapproché, mais aussi le renseignement et les missions de recherche ou de sauvetage.

Depuis quelques années, des constructeurs réfléchissent aussi à plus de modularité pour les armes embarquées. Airbus par exemple, avec son concept « H-Force », propose un système plug’n play où les matériels sont interchangeables d’un aéronef à l’autre.

Pour autant, il s’agit toujours de solutions hybrides, qui tentent de faire cohabiter deux mondes qui n’avaient pas vocation à se rencontrer…

 

Militariser un hélicoptère civil, une bonne idée ?

 

La pandémie et la crise qu’elle a provoqué pour le secteur aéronautique a conduit la plupart des constructeurs à adopter une solution encore plus pragmatique : la véritable « militarisation » de variantes commerciales, au prix d’un passage de quelques jours dans les mains d’une équipe spécialisée.

Cette tendance lourde est observée sur les derniers salons d’armement, et le fabricant le plus en pointe sur le sujet semble bien être l’américain BELL. Avec sa solution « HOSS » (Pour Huey Ordnance Store System) , il propose de transformer tous type d’hélicoptère commercial en engin militaire, pour un coût réduit et avec la garantie de bénéficier très rapidement d’une plateforme fiable et performante.

De fait, plusieurs armées du Moyen-Orient ont, d’ores et déjà, choisi de militariser le Bell 407 avec un panel complet d’armement, mais aussi des capteurs et des systèmes de vision nocturne. Seul bémol : la puissance moteur qui reste largement « civile » et ne permet ni l’emport d’un blindage conséquent, ni des performances accrues au combat.

Dans tous les cas, la militarisation des appareils civils offre des opportunités particulièrement intéressantes pour le jeu vidéo, où crafting et customisation font aujourd’hui partie intégrante du game design.

ASAT: les armes antisatellite

Le 15 novembre 2021, le test d’un missile antisatellite (ou ASAT, pour Anti Satellite Weapon) russe a remis ce type d’armes sur le devant de la scène. L’occasion pour nous de parler aujourd’hui de l’arsenal ASAT et de son évolution, alors même que plusieurs de ces solutions ont déjà été utilisées dans les jeux vidéo, comme la bombe nucléaire orbitale russe de CoD Modern Warfare 2

 

Les armes spatiales de la Guerre froide

Depuis le lancement de Sputnik en 1957, les satellites deviennent un instrument primordial de suprématie militaire : Renseignement d’origine Image (IMINT), Renseignement d’origine électromagnétique (SIGINT), ainsi que la fourniture de réseaux de communication mondiaux et chiffrés (y compris, récemment, pour les flottes de drones), ils sont au cœur des guerres modernes, surtout depuis la première Guerre du Golfe en 1991.

Tout au long de la Guerre Froide, les deux blocs se livrent donc à une course effrénée dans le lancement et la modernisation de leurs flottes de satellites et, assez logiquement, aux moyens de détruire ceux de l’adversaire, avec une débauche de projets plus ou moins farfelus de militarisation de l’espace (malgré la signature d’un Traité).

A partir de 1960, Américains et Russes se lancent donc dans une folle escalade technologique :

  • Du côté soviétique, nous retrouvons les stations spatiales Almaz, habitées et disposant d’un canon antisatellite de 23 millimètres ; des satellites antisatellites ; la bombe nucléaire orbitale (procédé vu dans Call of Duty Modern Warfare 2) ; et des missiles.

  • Les Américains eux, mettent en service des mines antisatellites, puis les missiles ASAT Nike-Zeus et Thor dotés d’armes nucléaires. Au milieu des années 1980, le missile A.L.M.V. (Air Launch Miniature Vehicle) est tiré depuis un chasseur F-15, mission depuis confiée à des navires.

https://youtu.be/wf3KCkRepVk

Dans les deux camps, ce seront la précision grandissante des armes ASAT et les possible conséquences d’une expérience nucléaire dans l’espace qui feront abandonner ces projets un peu fous, plus que le Traité de l’Espace, qui interdit pourtant les armes de destruction massives en orbite depuis 1967…

 

La Guerre des Etoiles des années 80

En 1983, le président Reagan, décidée à mettre fin au Bloc de l’Est, décide de porter la guerre dans l’espace avec sa fameuse Strategic Defense Initiative (rapidement surnommée « Star Wars » par la presse).

On parle alors d’un concept de bouclier anti-missiles global, constitué de satellites de détection, de satellites porteurs de missiles, d’armes laser à rayons X, de faisceaux de particules… et même de rail gun orbital !

La SDI devait mettre un terme à la Guerre Froide, et y est parvenue d’une certaine manière, en raison des coûts faramineux engendrés par ce nouveau défi posé par les Américains, qui ont épuisé les finances déjà exsangues de l’URSS.

Le projet, même s’il sera finalement abandonné, a très largement inspiré le cinéma de l’époque (Wargames) , et l’industrie naissante du jeu vidéo !

 

 

L’espace, un nouveau champ de bataille du XXIe siècle ?

Aujourd’hui, c’est toute la société qui dépend, dans son ensemble, de l’architecture satellitaire. Il est donc assez logique que ce secteur stratégique soit aussi considéré comme un potentiel champ de bataille.

Pourtant, tous les tests de missiles ASAT, qu’ils soient américains, chinois, indiens, et, très récemment, russes montrent qu’ils ne sont pas une solution pertinente, en particulier à cause des nuages de débris qu’ils provoquent. Vous avez tous vu Gravity n’est-ce pas ?

Aujourd’hui, on leur préfère donc d’autres solutions :

  • Le laser embarqué : cette arme « propre » peut, aujourd’hui, aveugler les capteurs d’un satellite, et peut-être à terme le détruire si la technologie devient mature et moins énergivore ;
  • La capture : A l’aide d’un satellite ou même d’un drone spatial, un pays pourrait neutraliser un satellite adverse « proprement », ou simplement s’en emparer sans dommage (un peu comme dans une version moins kitsh de On ne vit que deux fois, un James Bond de 1967 où les fusées du Spectre capturent des satellites).

  • Le hacking : même si les réseaux satellitaires et les satellites eux-mêmes sont particulièrement bien protégés, on peut cependant imaginer leur neutralisation par des groupes de hackers de haut niveau et dotés de moyens étatiques.

Enfin, la meilleure arme reste la cartographie du trafic spatial. Savoir en permanence où se trouvent les satellites, c’est pouvoir se prémunir contre eux que l’on soit sur une base de lancement soviétique, ou au milieu du Sahara…

Concept de désorbitation pour le projet européen Clean Space.

 

L’espace s’apprête bien à redevenir, probablement pour de bon cette fois, un terrain de rivalités à part entière. Preuve en est, les armées les plus modernes créent les unes après les autres leur Commandement spatial, et côté innovation, c’est le champ des possibles qui s’ouvre désormais.

Les hydravions

Même s’ils sont bien discrets depuis l’essor des hélicoptères, les hydravions militaires revêtent pourtant un intérêt militaire certain, et ont même tendance à revenir dans les plans des stratèges. Ainsi, l’US SOCOM, le commandement des forces spéciales américaines, planche de nouveau sur un concept de C-130 amphibie (le projet MAC pour « MC-130 Amphibious Capability », que l’on pourrait surnommer « Sea-130 »). Alors pourquoi ce regain d’intérêt pour les hydravions ?


Besoin d’outils pour la guerre amphibie

L’hydravion connait son âge d’or entre 1930 et 1960, d’abord dans le domaine civil puis durant la Seconde Guerre Mondiale, où des dizaines de modèles sont conçus, car leur emploi est essentiel pour l’ensemble des belligérants : lutte anti sous-marine, patrouilles maritimes et surtout opérations de secours, car le conflit voit un nombre jamais vu jusque-là (et jamais vu depuis) d’hommes à récupérer à la mer…

Le mythique Catalina, ici dans War Thunder.

 

En 2021, le SOCOM dévoile quelques projets d’aéronefs hybrides susceptibles de l’intéresser dans un futur proche pour ses opérations maritimes. Parmi elles on trouve logiquement des tiltrotors et des hybrides (et même le retour des Ekranoplanes ?), mais aussi le projet de C-130 « navalisé ».  De fait, resté dans les cartons pendant des décennies, le projet MAC pourrait se concrétiser dès 2022 ou 2023.

La raison est bien entendu l’intérêt stratégique des USA pour le théâtre Indo-Pacifique, où la Chine affiche ses ambitions. Comme au temps de la guerre du Pacifique, il faut en effet disposer d’appareils qui ne soit ni dépendants d’aérodromes sur des îles, susceptibles d’être pris ou détruits, ni de portes avions. De plus, dans la mesure où, dans cette région, les distances sont très importantes, le C-130 Hercules est, de par son rayon d’action, une plateforme de départ idéale, un avion couteau-suisse, maitrisé et robuste.

 

Les hydravions avaient fait du Pacifique leur royaume. Ici le B-314 Clipper de Boeing, au service de la PAN AM.

 

La France a brièvement mis en place une ligne Biscarosse-Fort de France avec l’impressionnant Latécoère 631.


D’autres n’ont pas attendu…

Si les forces spéciales américaines imaginent mener bientôt des missions d’infiltration ou d’exfiltration de cette façon, d’autres pays n’ont jamais abandonné cette capacité aéro-amphibie.

C’est en particulier le cas des Chinois, qui disposent purement et simplement, depuis 2017, du plus gros hydravion au monde : l’AG600. Avec une envergure de 38m, il a la taille d’un Boeing 737  et sert parfaitement les desseins stratégiques chinois dans leur environnement maritime proche.

En face, le Japon, en tant que nation insulaire, mise, lui, sur le superbe Shinmaiwa US-2, un hydravion de sauvetage de 47 tonnes apte à la patrouille maritime qui dispose surtout d’une capacité au décollage court, en à peine 280m.

 


Enfin les Russes. Si, durant l’ère soviétique, de multiples projets pharaoniques ont été imaginés, en particulier chez le fabricant Beriev, sans finalement voir le jour, la marine russe peut en revanche toujours compter sur le Be-200, le seul avion amphibie du monde à réaction, aussi à l’aise dans la guerre anti-sous-marine que dans la lutte anti-incendie.

 

Relativement ignorés, les hydravions militaires peuvent constituer un outil intéressant pour le jeu vidéo, notamment dans le cadre de scénarios liés aux forces spéciales.

Chiens de guerre

Régulièrement, les images de robots quadripodes agitent le monde des médias. D’autant plus que l’on commence désormais à voir certaines de ces machines équipées d’arme. Une représentation anxiogène dont s’est emparée la pop culture.

 Ci-dessus : le « chien-robot » de Ghost Robotics a été présenté équipé d’un fusil de précision SWORD.

 

Nous pourrions écrire des lignes et des lignes sur le fantasme du « Terminator » dans la société, notamment la façon dont les médias ou même certains groupes politiques envisagent la robotique militaire.

Cela est dû bien sûr au succès intemporel de la saga hollywoodienne initiée dans les années 80, mais également, dans la période plus récente, au retour des « robots tueurs » dans la pop culture en général, dans une représentation moins anthropomorphique, et plus… animale.

L’épisode le plus marquant concerne, justement, un épisode célèbre de la série d’anticipation « Black Mirror » en 2017, intitulé « Metalhead », qui mettait en scène d’abominables (oui oui) petits robots quadripodes pourchassant les êtres humains. Un concept repris trait pour trait par la « Guerre des Mondes » de Canal+ en 2019.

Hasard de l’histoire, ou pas, la société américaine Boston Dynamics devenait à la même époque célèbre pour les facéties de son désormais célèbre robot SPOT, qui démontre à chaque apparition l’étendue de son apprentissage. Il n’en fallait donc pas beaucoup pour que le grand public s’alarme d’une future domination des humains par les machines !

Autre épisode, en 2021, l’armée française a utilisé SPOT durant une démonstration de l’utilisation de la robotique au combat. Le petit robot de Boston Dynamics était là pour illustrer sa capacité à faire de la reconnaissance dans un bâtiment, bénéficiant de son exceptionnelle agilité. Des images aussitôt interprétées comme la volonté des armées de l’utiliser au combat, ce qui a dû être démenti par l’entreprise !

https://www.youtube.com/watch?v=9Ad3i55AT_Y

Nous avons donc ici un débat qui passionne, car il terrifie. Mais aussi profondes soient vos peurs des robots, ces appareils demandent un tel niveau de sophistication pour évoluer sur le terrain qu’ils sont encore très loin de la maturité opérationnelle. D’autant plus s’il s’agit d’un théâtre de guerre. Outre la mécanique, certes impressionnante, il y a surtout le problème de l’évolution dans un monde changeant. Oui, un quadripode sera agile, mais bien plus fragile qu’un engin chenillé, ou même à roues.

Diverses expérimentations ont été menées, par les américains principalement, avec des quadripodes MULE, qui sont toutes arrivées à la même conclusion. Ces technologies sont encore trop fragiles, trop peu endurantes, trop bruyantes… et les robots restent entièrement dépendants de l’homme.

 

Le jeu vidéo a un peu d’avance

Bien évidemment, le jeu-vidéo lui, ne s’est pas privé et les jeux d’action ont très vite su adopter ces machines, les dotant d’un arsenal meurtrier.  Nous sommes encore ici dans des scénarios d’anticipation, mais il y a peut-être bien là une idée de quoi seront capables ces machines dans une ou deux décennies.

Dessin préparatoire pour Ghost Recon Breakpoint chez Ubisoft

 

 

FUN FACT : récemment se déroulait la bêta de Battlefield 1942, durant laquelle certains joueurs ont pu apercevoir le comportement pour le moins erratique de certains de ces quadripodes robotiques. Involontairement, c’est peut-être là une reproduction fidèle de la réalité ! Pour l’instant.

https://www.youtube.com/watch?v=R7vEUDrmwQos

Vauban dans le désert

Tout spécialiste de Tower Defence vous le dira : une fortification efficace repose avant tout sur la bonne couverture de la totalité des angles. Une recette que les moyens modernes ont permis de dépasser. Mais, parfois, les bonnes vieilles méthodes permettent de s’assurer rapidement une défense en zone hostile.

Ci-dessus : l’œuvre du 17ème RGP de l’armée de Terre française en 2018, au Mali.

 

 

En 2010, cette scène mémorable de Call of Duty Black Ops en 2010 nous mettait dans une situation bien périlleuse: celle des défenseurs d’une base avancée américaine au Vietnam.

 

Contrôler le terrain

En vérité, à la guerre, les armes ont changé, mais pas certaines règles. L’une d’elles, primordiale, revient à s’emparer de la meilleure position, la fortifier, puis la tenir. Et dans le contexte moderne des opérations extérieures, les armées se sont spécialisées dans la construction des fameuses FOB, postes avancés devant permettre de tenir des zones clés d’un territoire.

L’OTAN en a par exemple bâti des centaines (toujours de forme carrée, ou rectangulaire) dans les vallées ou sur les pitons afghans, en choisissant soigneusement leurs emplacement. Il n’y a guère que dans Far Cry où l’on continue à installer des bases en contrebas de points hauts ou de falaises !

Une autre FOB française à Labbeganza au Mali. On aperçoit la 2ème ligne de fortification, en étoile.

 

Les forteresses Vauban… contre le terrorisme

Les nostalgiques de la saga Stronghold ont le souvenir qu’une bonne fortification médiévale (c’est-à-dire haute et épaisse) peut résister à la plupart des sièges… du moins jusqu’à l’apparition des canons !

Stronghold: Crusader II

 

A partir de la Renaissance, avec l’arrivée de la poudre, l’ingénierie militaire doit se remettre en cause. Sebastien Le Prestre de Vauban propose alors au roi Louis XIV une structure en étoile qui servira de modèles aux places fortes françaises lors des guerres européennes.

Le fort Vauban est conçu pour optimiser la puissance de feu défensive dans plusieurs angles. Ainsi, chaque « flèche » de l’étoile couvre sa voisine. Dans le jeu Empire Total War, les forts Vauban représentent d’ailleurs un must technologique durant vos campagnes de conquête.

 

Et voilà qu’ils font leur retour aujourd’hui, agrémentées de moyens modernes : blocs de ciment, gabions HESCO, fossé/sas anti-véhicule suicide, et bien entendu des armes modernes. Caméras, drones ou ballons assurent aussi une surveillance permanente du périmètre, en plus des traditionnelles sentinelles.

Les Français se sont donc appliqués dernièrement à faire revivre la tradition, avec plusieurs ouvrages en Afrique, au Sahel surtout, ou comme ci-dessous en côte d’Ivoire, l’œuvre du 43ème BIMA.

 

Autre exemple fameux, l’armée française réinvestit et modernise en 2015 au Niger l’ancien fort colonial de Madama, qu’elle avait elle-même occupé plus d’un siècle auparavant !

 

Enfin, restons au Sahara pour montrer l’inédite « Grande Muraille » bâtie par le Maroc entre 1980 et 1987 : 2700 kilomètres de dunes artificielles, sur deux voire trois lignes, agrémentée de fossés antichars, de batteries d’artillerie, de barbelés… et de mines antipersonnel.

 

Si ces modèles de fortification conviennent peu face à un assaut lourdement mécanisé, et encore moins face à l’aviation, ils restent tout à fait efficients pour contrôler une zone dans le cadre d’une guerre de contre-insurrection.

Alors que les Tower Defence sont à la mode, et que du côté des STR, le récent Age of Empires IV appuie sur l’importance des fortifications, ces quelques exemples nous montrent que même sur les théâtres d’aujourd’hui, certaines règles demeurent immuables, offrant un curieux condensé de tradition et modernité.

Age of Empires IV

Les Expeditionary Sea Bases

Quand on parle de bases d’opérations maritimes, on pense bien évidemment aux porte-avions, mais surtout aux porte-hélicoptères ou aux navires de commandement, qui ont déjà été largement utilisés dans le jeu vidéo, comme dans CoD Ghosts. Cependant, les Expeditionnary Sea Bases qui, comme leur nom l’indique, sont de véritables bases opérationnelles mobiles, répondent à un autre concept, beaucoup plus souple et discret, et donc particulièrement adapté aux opérations spéciales et clandestines.

 

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