Comment dit-on « wunderwaffen » en russe ?

Le théâtre de guerre ukrainien nous est riche d’enseignements, et notamment sur un point : la réalité de la modernisation des forces armées russes. En effet, ces dernières années, Moscou nous a abreuvé de vidéos d’armes révolutionnaires qui, de fait, ne sont jamais apparues sur le front ! Ce qui pose la question de leur existence en dehors de prototypes présentés comme opérationnels…

Ci-dessus: un BMP-T aperçu en Ukraine. Seuls 10 exemplaires sont en réalité opérationnels.

 

Le concept des « wunderwaffen »

Si nous employons ici le terme wunderwaffe (avec un n au pluriel), c’est bien en référence au concept bien documenté des armes miracles allemandes de la Seconde Guerre Mondiale qui, au fur et à mesure que le Reich perdait du terrain, étaient présentées comme solutions en mesure de changer le cours du conflit.

 

De fait, si pléthores de  wunderwaffen sont restées à l’état de prototype ou simplement de dessin, les Nazis ont aussi déployés de manière opérationnelle les chars Tigre, le premier fusil d’assaut ou les premiers avions à réactions. Or, toutes ces armes n’ont guère résisté aux réalités opérationnelles, (le fameux combat proven),  et n’ont jamais eu d’influence majeure sur le déroulement de la guerre.

Les jeux Wolfenstein exploitent les wunderwaffen, y joutant une dimension occulte.

 

 

Aujourd’hui, nous pouvons appliquer ce concept à la Russie, elle-même héritière d’une URSS qui était aussi coutumière de concepts aussi ambitieux que démesurés comme les Ekranoplanes.

 

La faillite des analystes

Un peu de contexte : durant les années 2000, le Président russe Vladimir Poutine annonce mettre fin à la décrépitude des forces armées russes, lourdement marquées par l’implosion du bloc soviétique. Il lance alors de grandes réformes visant à professionnaliser les armées, et surtout à les moderniser en développant notamment des armes de rupture.

Les nouveau MRAP “Tigr” n’ont pas fait long feu sur le terrain.

 

Les opérations en Géorgie en 2008, en Ukraine en 2014, puis Syrie en 2015, sont de grandes réussites pour Moscou, qui montre alors au monde entier sa puissance militaire et sa maitrise technologique, qui la place sur un pied d’égalité avec les armées les plus modernes. A cela s’ajoutent de grandes démonstrations de forces comme l’exercice annuel ZAPAD, dont les images font le tour du monde.

La communication est efficace, les observateurs convaincus, du moins jusqu’au conflit ukrainien qui dévoile, de fait, les carences militaires de la Russie : en réalité, le gros des troupes est constitué de conscrits et de matériels obsolètes, incapable de résister aux armements modernes. Quant aux troupes professionnelles, elles sont trop peu nombreuses et mal commandées, et les matériels modernes sont soit défaillants, soit en trop petit nombre.

Ou sont les fameux robots Uran-9 ? Ils ont été testés en Syrie, où ils ont connu des défaillances.

 

Пропаганда (propagande)?

Alors, est-ce aller trop vite en besogne que de conclure que la force militaire russe repose aujourd’hui sur des bases technologiques au mieux fragiles, au pire inexistantes ?

Il faut raison garder, mais il faut néanmoins constater que le char Armata est exhibé depuis bientôt 10 ans sans être à ce jour entré en production (video Armata en panne sur la place Rouge), que la si redoutée défense anti-aérienne russe a été plusieurs fois dramatiquement prise en défaut, ou encore que les robots et drones de combat sont absents du théâtre de guerre (alors qu’ils ont été présentés à grand renfort de vidéos), tout comme le fameux BMP-Terminator dont seuls 10 exemplaires sont en fait opérationnels.

 

Durant la 2ème Guerre Mondiale, les wunderwaffen n’avaient, en réalité, pas pour but de vaincre ou terrifier l’ennemi, mais de rassurer la population allemande en lui donnant l’illusion de la superpuissance et de la maitrise des évènements.  Une stratégie visiblement toujours aussi efficace de nos jours, alors que les médias du monde entier s’extasient sur la menace hypersonique ou des concepts aussi farfelus que le missile Satan 2.

La combinaison « Ratnik-3 » présentée en 2018.

 

Dans la pop culture, le jeu vidéo comme le cinéma aiment se créer des ennemis redoutables. Et la Russie a souvent constitué l’adversaire par excellence, en fournissant une puissance militaire hégémonique et redoutable. Il semble temps, aujourd’hui, d’en donner une image un peu plus réaliste, et donc authentique.

Armer les avions de transport

Les avions de transport militaire ont quelque chose de mythique, en particulier dans la pop culture.  On en saute en parachute, on les utilise pour mener des opérations spéciales ou on utilise leurs immenses soutes pour des scènes d’actions toutes plus farfelues les unes que les autres. Mais pour l’heure, aucun scénario n’a osé intégrer une tendance lourde des avionneurs, qui consiste à transformer un transport en plateforme de tir pour missiles.

Ci-dessus: un KC-130J équipé du kit d’armes aéroportées Harvest Hercules (HAWK).

 

La révolution du Close Air Support

La Guerre Froide et l’avènement de la chasse à réaction ont mis fin au règne des grands bombardiers de la Seconde Guerre Mondiale. Mais leurs héritiers, les  cargos militaires, ont survécu et continué à se moderniser avec un grand nombre de success stories, que ce soit en Amérique (le Hercules et le Galaxy notamment), en URSS (les Antonov qui sont, rappelons-le, ukrainiens), ou en Europe (le Casa et l’A-400M pour ne citer que les plus récents).

Un C-130H argentin équipé de bombes en 1982.

 

La pop-culture s’est aussi emparée de la version « combat » de l’Hercules, et a élevé l’AC-130 Gunship au rang d’icône de la destruction, avec une « mort venue du ciel » (titre de la mission mythique de Call Of Duty Modern Warfare).

Pourtant, dans la réalité, le Close Air Support (appui-feu aérien rapproché) subit depuis une vingtaine d’années une petite révolution, sous l’effet combiné de deux tendances lourdes :

  • La première est que les avions de combat coutent de plus en plus cher tant à acheter qu’a entretenir et à faire voler. De fait, ils sont de moins en moins nombreux, et sont recentrés sur leurs missions principales, à savoir la chasse et la pénétration des défenses aériennes ennemies ;
  • La seconde est que les missiles sont de plus en plus précis et que, à condition d’être correctement orientés sur la cible (notamment avec un guidage laser par le sol ou par les airs), sont parfaitement autonomes à partir du moment où ils sont tirés.

Cela a donc logiquement conduit les forces aériennes et les avionneurs à imaginer transformer des avions moins onéreux, comme les turbopropulseurs ou les avions de transport, en plateforme de tir low cost mais tout aussi efficaces.

Les Iraniens ont également testé les bombes lisses depuis C-130. Sans grande réussite.

 

Le C130, un avion Old School de nouvelle génération

A tout seigneur tout honneur… l’Hercules C-130 a encore de beaux jours devant lui : outre sa version hydravion dont nous avons déjà parlé, plusieurs solutions pour lui faire tirer des missiles ont été présentées. La plus classique passe par des pods sous les ailes, mais on a aussi pu voir une porte arrière transformée en lance-missiles ou une porte latérale convertie en éjecteur à air comprimé pour de petits missiles de type Brimstone.

Projet français par Sagem, Rafaut and AA / ROK pour des bombes guidées AASM.

 

Le C-130 est aussi la machine privilégiée pour des projets d’armes laser, ainsi que pour le projet Gremlins, qui ambitionne de déployer des essaims de drones d’attaque réutilisables et, de fait, en mesure d’être récupérés en plein vol. Plus récemment, des tests de missiles de croisière « palettisés » ou de missiles antinavires ont également été menées.

Bien évidemment, c’est le C-130 Commando, la version dédiée aux opérations spéciales, qui a été choisie pour accueillir ces solutions, qui se superposent à des capacités de transport, d’aérolargage et d’atterrissage et de décollage sur des pistes sommaires, qui restent des prérequis pour l’USSCOCOM.

 

Smaller but stronger

Dans la même veine que le C-130, mais avec un ici un appareil moins imposant, Airbus a présenté deux versions armées de son petit transporteur tactique C295 :

  • Un « gunship », équipé de mitrailleuses de 12,7mm ou d’un canon de 27mm ;
  • Un bombardier doté de points d’emports pour des missiles (y compris antinavire) ou des paniers de roquettes guidées.

 

Descendons encore d’un cran, avec un cas très particulier, un appareil plus petit, et surtout plus rustique : le MC145B Coyote, version modifiée et armée du vénérable M28 Skytruck. Capable de se poser en environnement austère, ce robuste appareil peut emporter une petite équipe tout en déployant des bombes ou missiles guidés.

 

Cela rappellera un peu la militarisation des turbopropulseurs agricoles, ou même de certains hélicoptères civils. Une vraie tendance qui devrait largement convaincre dans certaines régions du monde.

Appliqué au jeu vidéo, ces appareils peuvent constituer un riche élément de gameplay, servant à la fois de base mobile, de système de soutien à améliorer progressivement durant une campagne.

La notion de « Combat proven »

Les jeux vidéo et le cinéma sont friands d’armements modernes, voire de prototypes qui sont souvent mis en avant dans les blockbusters ou les AAA. Pour autant, ce vernis d’authenticité militaire est-il, justement, réaliste sur le plan opérationnel ? Rien n’est moins sûr, dans la mesure où beaucoup de ces engins n’ont jamais affronté l’épreuve du feu, et acquis le titre de « combat proven ». 

Ci-dessus: le Rafale, fiable et polyvalent, est l’exemple parfait d’un matériel dont le succès a  été forgé par la preuve opérationnelle –  photo Dassault Aviation.

 

La vérité vient du terrain 

La notion de « Combat proven » (ou en bon français : la preuve opérationnelle) est plutôt simple : elle désigne un équipement militaire a prouvé son efficacité au combat… 

Le désormais célèbre missile Javelin.

 

Cela peut paraître diablement logique, et pourtant, elle ne va pas forcément de soi : beaucoup de matériels militaires n’ont, en réalité, jamais connu de déploiement opérationnel ou de production en série, mais ont fait l’objet d’une active propagande étatique (comme les « armes miracle » russes), ou plus simplement de publicité faite par leur constructeur.  

De fait, l’histoire de la guerre est remplie de matériels vendus massivement à des armées, et qui une fois sur la ligne de front se sont retrouvés aux mieux inadaptés, au pire totalement défaillants, et qui sont pourtant élevés au rang d’icônes. 

On pensera par exemple à la mitrailleuse Gatling, dont le manque de fiabilité était tel qu’elle a été abandonnée moins de 3 ans après son entrée en service, ou les iconiques Tigre allemands qui se trouvaient être, en réalité, de véritables calvaires mécaniques et logistiques.   

Le char Tigre fait l’objet d’une légende erronée.

 

Le meilleur contre-exemple de cette notion est peut-être le Rafale. Longtemps boudé sur les marchés, principalement en raison de son coût, l’appareil a soudainement connu une success story commerciale le jour où l’armée de l’Air a commencé à l’employer massivement pour ses missions, avec fiabilité et réussite (contrairement à son concurrent européen, l’Eurofighter Typhoon, qui en comparaison n’a été que rarement confronté à une mission de combat).  

Au premier plan, un Typhoon britannique. Au second, un Rafale français. 

 

 

Le « Combat proven » et le jeu vidéo 

Alors même que les grands studios invoquent un respect, une précision quant à l’authenticité militaire, qu’en est-il vraiment ? Nous avons déjà largement battu en brèche ce concept dans la gestion de la gestuelle militaire ou certains types d’armes comme les SMG ou les Shotguns, et il en va hélas de même avec les véhicules… En fait, alors que les éditeurs clament travailler avec des spécialistes (et les écouter), c’est avant tout le marketing qui oriente les choix. 

Les Leopard 2 sont redoutables sur le papier, mais l’armée allemande souffre de graves problèmes de disponibilité. 

 

Ainsi, un jeu multijoueur compétitif comme War Thunder, où les joueurs s’opposent en prenant possession de chars, avions ou navires, doit entretenir son système économique free to play en ajoutant sans cesse de nouveaux véhicules, dont des prototypes. Et voilà que l’on s’y retrouve avec des nations dominantes in game comme l’Allemagne contemporaine (un pays qui ne fait pourtant pas la guerre, et qui est donc largement épargné par le Combat proven), ou la Russie (dont les matériels sont étrangement surcotés en raison d’un propagande « vitrine » qui est aujourd’hui démentie par l’expérience ukrainienne). 

La redoutée force mécanisée russe a largement déçu en Ukraine.

 

Ce phénomène touche plus globalement la plupart des Triple AAA, qui s’éloignent de leurs promesses initiales d’authenticité pour jouer sur un effet « badass » et marketing. C’est l’exemple du V-22 Osprey, un appareil somme toute fragile, utilisé à l’outrance sous le feu virtuel, ou bien sûr d’avions des combats de dernière génération (y compris furtif, un non-sens !) que l’on voit virevolter en rase-motte à travers les tirs de DCA. 

https://www.youtube.com/watch?v=ZcsE8HnhcGE

Heureusement, le respect de l’authenticité, ou même des spécificités des matériels, est la plupart du temps respecté dans le tactical ou dans la simulation. Si vous cherchez de l’authenticité et du réalisme, c’est donc vers eux qu’il faut se tourner.  

Les exemples de matériels qui font mentir le « Combat proven » sont légion dans le jeu vidéo ou le cinéma. Sur Taisson, nous nous employons à défendre l’authenticité avant tout, pour une meilleure profondeur d’expérience, tant dans le gameplay que dans la narration. N’hésitez donc pas à participer à la discussion ou à nous solliciter pour des conseils.  

L’effet « Jack in the box »

Tous ceux qui regardent, depuis quelques semaines, les images de chars de conception soviétique détruits se posent la même question : pourquoi perdent-ils leur tourelle de façon si spectaculaire lorsqu’ils sont touchés au combat ? La réponse est bien connue : il s’agit de l’effet « Jack in the box » (ou, pour les francophones, « le diable dans la boite »). 

https://www.youtube.com/watch?v=EBaxDMrQp-Q

Si le billet d’aujourd’hui est moins centré sur le jeu vidéo que d’habitude (quoi que, puisqu’il peut alimenter une réflexion sur les destructions de véhicules et les explosions), il nous permettra néanmoins de rendre hommage à la qualité de modélisation dans War Thunder , dont l’option “rayon X” qui va nous permettre d’illustrer nos propos grâce à des captures maison. 

 

Les tankistes russes, condamnés « by design » 

Dans la vision du combat blindé soviétique, le choc du feu et le nombre de chars prévalent sur la survivabilité depuis le T-34. Dans cette optique, les ingénieurs du Pacte de Varsovie ont donc travaillé sur des chars de conception simple, à la puissance de feu conséquente et au profil abaissé.  

Pour pouvoir armer plus de chars, les Soviétiques ont aussi misé sur un équipage composé de 3 soldats, et donc choisi de se passer du chargeur, remplacé par l’autoloader mécanique. Erreur fatale, car ce système de chargement, tel qu’il a été conçu en Russie, expose les munitions à l’impact des projectiles ennemis sur la tourelle, créant une réaction en chaîne qui pulvérise le blindé et son équipage.  

Le meilleur exemple de cette vulnérabilité est le T-72, le char qui a connu le plus de pertes dans le conflit ukrainien (y compris dans ses dernières versions modernisées). Les munitions du T-72 se trouvent dans un chargeur automatique de type carrousel directement sous la tourelle principale et les membres de l’équipage, et sont donc particulièrement exposées à tout impact venant des flancs. 

 

Sur des chars russes pourtant plus modernes, comme le T-80BVM, ou le T-90, la conception est identique:

 

Ainsi que pour les T-64, plus anciens et principalement utilisés par les Ukrainiens:

 

A terme, seul le nouveau char T-14 Armata devrait résoudre cette vulnérabilité, mais il semble n’être, pour l’heure, que l’une des multiples « armes miracle » russes, surmédiatisées mais non produites en série, et encore moins alignées au combat… 

 

En Occident, priorité à la protection de l’équipage 

A la vue de ces modélisations 3D, vous vous dites subitement qu’une carrière dans la cavalerie lourde n’est peut-être finalement pas une si bonne idée. Rassurez-vous, car la doctrine occidentale, qui a, elle, misé sur la survivabilité des chars et des équipages, offre un peu plus de garanties.  

En effet, sur la plupart des blindés occidentaux, les munitions sont conservées sous le plancher, là où le blindage est le plus épais, ou à l’arrière de la tourelle dans un compartiment spécifique. Ce compartiment de stockage n’est pas spécialement mieux protégé, mais il a l’ingénieuse particularité d’orienter l’explosion vers l’extérieur, et donc de préserver la vie de l’équipage et l’intégrité du char, qui reste fonctionnel.  

La plupart des chars modernes sont concernés, mais ce sont probablement les chars américains de la famille des M1 Abrams qui sont à ce jour les mieux dotés en la matière :  

 

Autres exemples ci-dessous avec le Léopard 2 allemand puis le Leclerc français. Les munitions sont à l’abri de compartiments spéciaux : 

 

A noter enfin que tous les chars occidentaux n’ont pas corrigé ce défaut. C’est le cas du Merkava israélien. Sa tourelle ultra-profilée ne permettant pas, ou plus, d’adaptation en matière de gestion des munitions, il mise lui plutôt sur des systèmes de protection “hard kill”. 

Touché-Coulé

La toute récente perte du croiseur Moskva par la Russie lors du conflit ukrainien a remis en lumière le combat naval, et fait prendre conscience au grand public qu’au-delà de la fascination exercée par une flotte de combat, instrument et symbole de puissance d’une nation, un navire de guerre moderne peut encore couler…  Et si le cinéma s’est depuis longtemps emparé du symbole, d’Octobre Rouge à Battleship en passant par Das Boot, le jeu vidéo n’a pas encore pleinement exploité la dimension navale des conflits. 

 Illustration ci dessus: présentation du DLC “Naval Strike” de Battlefield 4 (2014).

 

Un objet vidéoludique complexe 

L’histoire navale militaire passionne car elle est faite d’innovations, d’aventures, de personnalités fascinantes et de batailles tragiques. Tout ce qui est nécessaire à un bon scenario de jeu vidéo… Mais si les combats navals, aéronavals et amphibies ont depuis longtemps investi le domaine des jeux d’action (comme dans les grandes scènes de débarquements de Call of Duty ou Medal of Honor), ce n’est pas ce que recherchent les vrais adeptes de la guerre navale. 

De fait, c’est peut-être la série de jeux de stratégie “Total War” qui a le mieux exploité la puissance des grandes flottes du passé dans ses différents opus. Ainsi, dans Empire, en 2009, les flottes ont une importance capitale dans le contrôle du monde au XVIIIe siècle, et c’est aussi le cas dans les épisodes qui concernent Rome (notamment dans le contrôle du bassin méditerranéen et la lutte à mort contre Carthage) et la Grèce Antique (où mes trirèmes athéniennes sont indispensables à la lutte contre la Perse). 

Assassin’s Creed Odyssey offre quelques moments épiques en mer Egée !

 

Ubisoft avait aussi tenté de rendre compte de la fureur des abordages dans son  Assassin’s Creed Black Flag. Si la gestion de l’artillerie navale est totalement farfelue, avouons que les combats à l’arme blanche se prêtent parfaitement aux assauts sur les ponts des galions espagnols. Origins (2017) et Odyssey (2018) ont tenté de réutiliser la recette (qui aurait pu imaginer autre chose de la part de l’éditeur ?) en la transposant à l’Antiquité, mais le résultat est assez décevant… Espérons que Skulls and Bones, l’arlésienne du jeu de pirate, vienne rectifier le tir ! 

 

La 2ème Guerre Mondiale, un marché à part entière 

S’il est bien une période de la guerre navale surreprésentée dans le jeu vidéo, c’est bien la Seconde Guerre Mondiale. C’est vrai qu’elle offre deux axes scénaristiques majeurs, avec l’avènement de l’aéronavale (avec la guerre du Pacifique et ses affrontements épiques, surtout rendus dans des simulations aériennes) et surtout du sous-marin et de son alter-ego, le destroyer (bataille de l’Atlantique), mais aussi.  

De fait, la série des Silent Hunter (édités, puis développés par Ubisoft) a, depuis presque 30 ans, des fans inconditionnels qui continuent à modder des jeux qui saisissent toujours par leur réalisme et leur technicité. Elle a aujourd’hui des héritiers variés, comme “UBOAT” qui vous permettent, outre de combattre, de gérer l’ensemble de votre équipage dans des sous-marins fidèlement reconstitués. Ou encore “Destroyer – The U-Boat Hunter”, qui proposera bientôt de jouer le chasseur de meutes comme son lointain ancêtre, Advanced Destroyer Simulator. 

Uboat (2019) vous permet de gérer votre équipage de sous-marin.

 

Pour être tout à fait objectifs, n’oublions pas non plus les grands jeux multijoueur à succès comme “World of Warships” ou “War Thunder” ont su rendre accessibles au grand public des affrontements longtemps restés austères. Surtout, ils assurent la transmission d’une certaine culture navale auprès des joueurs.  

On atteint aujourd’hui un niveau de détails impressionnant: ici l’USS Arizona dans War Thunder.

World of warships, rare jeu donnant accès au magnifique cuirassé français Richelieu. 

 

Le combat naval moderne : aussi passionnant que méconnu 

Le combat maritime est donc plutôt à son honneur dans le jeu vidéo, mais il est une période qui reste assez sous exploitée : la période contemporaine, malgré quelques tentatives comme dans “Battlefield 4” 

Et pourtant, elle offre, elle aussi, des scénarios passionnants, avec des flottes à la pointe de la technologie et aux missions complexes, du renseignement à l’extraction de forces spéciales en passant par un conflit à grande échelle. 

Ce désintérêt est peut-être à mettre au crédit des navires de combat modernes, bien moins badass que leurs prédécesseurs cuirassés et bardés de canons, mais qui offrent en réalité une force de frappe bien supérieure avec leurs missiles discrets mais redoutables, et bientôt leurs missiles hypersoniques, voire leurs railguns, initialement prévus pour équiper le destroyer furtif Zumwalt. 

Quelques opus (toujours dans le monde du STR) ont tenté d’inclure le combat naval à leur gameplay et à leur narration, comme “Wargame – Red dragon” (2014), ou le très pointu “Command: Modern Opérations”, un jeu certes austère, mais doté de l’une des bases de données militaires les plus incroyable sur le marché. On peut aussi citer le mythique Fleet Command, édité par le leader mondial de la base de données militaire Jane’s, qui tente à la fin des années 90 de se lancer dans le jeu vidéo. 

La relève est sans doute assurée : “Sea Power”, judicieusement sous-titré “Naval Combat in the Missile Age”, proposera cette année de vous plonger dans une guerre navale fictive de la Guerre Froide. Un parti pris très intéressant, d’autant plus que ce contexte a souvent été la base de techno-thrillers d’anthologie, et notamment ceux de Tom Clancy ! 

Sea Power vous placera dans les années 1980. Et oui, les F-14 Tomcat sont bien présents ! 

 

Espérons que cet article donnera des idées aux éditeurs : ce ne sont pas les scénarios inspirants qui manquent, de la guerre des Malouines à l’opération “Praying mantis”,  fameux affrontement entre les USA et l’Iran dans le Golfe Persique en 1988…