Le 6.8mm, nouveau calibre de référence ?

Une petite révolution s’amorce dans le domaine de l’armement léger : en effet, SIG SAUER (la filiale américaine de l’armurier suisse SWISS ARMS, anciennement SIG) a remporté en avril 2022 le programme NGSW (pour Next Generation Squad Weapons), qui vise à remplacer les fusils d’assaut et les mitrailleuses légères de l’US Army. Mais le plus important est peut-être ailleurs : ce contrat signifie aussi la fin du calibre 5.56 OTAN, remplacé par une nouvelle norme : le 6.8mm.

 

Le temps des adieux pour le M16 et la SAW

Depuis 60 ans, les forces armées américaines sont majoritairement équipées du légendaire fusil d’assaut M-16 et de ses dérivés, dont le plus récent est le M-4A1.

Si ce monopole a déjà été écorné depuis la fin des années 2000 par l’adoption du HK-416, utilisé par les Marines et surtout l’USSOCOM, qui reprochait au M4 son manque de fiabilité, c’est avec les programmes NGSW (-R pour rifle, et -AR pour automatic rifle) que l’US Army va mettre fin au règne de la version militaire de l’AR-15.

Lancé il y a quatre ans, le programme Next Generation Squad Weapons avait pour ambition de déterminer quel serait l’armement individuel du GI pour les trente années à venir. Trois sociétés ont candidaté pour ce marché, mais le Suisse a raflé la mise sur les deux modèles. Le choix est plutôt cohérent, dans la mesure où SIG est déjà, depuis 2017, le remplaçant du vénérable BERETTA 92/M9 avec son P320.

Cette petite révolution ne concerne pas que les fusils d’assaut. En effet, la mitrailleuse légère M-249 (nomenclature US pour la Minimi du belge FN HERSTAL, qui avait révolutionné le combat d’infanterie en imposant une arme automatique chambrée en 5.56) va aussi disparaitre au profit du XM250.

 

Des armes modulables by design

Si ce changement radical ne concerne pour l’instant que l’US Army, il ne fait pas de doute qu’il va influer sur autres armées, par souci d’interopérabilité.

Au passage, les nouvelles armes proposées par SIG imposent aussi un accessoire longtemps resté l’apanage des jeux vidéo : l’inclusion, by design, d’un réducteur de son. Imposé par le cahier des charges du NGSW, il préservera l’acoustique des tireurs, mais fera aussi office de cache-flamme et de stabilisateur. Reste à connaitre la longévité de ce add-on, réputée identique à celle du canon mais dont on peut raisonnablement douter en raison des contraintes…

Le NGSW impose aussi de nouveaux organes de visée et de conduite de tir électronique montables sur Picatinny, censés offrir des fonctionnalités comme le grossissement variable, le télémètre laser, un calculateur balistique. Tous sont d’ores et déjà intégrés au programme et entreront en dotation en même temps que l’arme.

 

Fin de règne pour le « 5.56 » ?

Mais finalement, le changement majeur imposé par les programmes NGSW-R et NGSW-AR est peut-être le moins visible : l’adoption d’un nouveau calibre, le 6,8X51 mm, ou .277 SIG FURY.

Cette nouvelle munition, développée par SIG, a globalement les mêmes dimensions que le 7.62 OTAN, mais offre des capacités balistiques supérieures : plus grande portée, meilleure précision mais surtout capacité de pénétration accrue.

C’était un argument essentiel, dans la mesure où les protections balistiques individuelles se généralisent, y compris pour les combattants irréguliers dans des régions reculées…

 

Espérons que le monde du jeu vidéo va prendre en compte ce changement de paradigme pour offrir des gameplay basés sur une nouvelle famille d’armes, mais surtout un nouveau calibre. En effet, la gestion de ce dernier paramètre a toujours été le parent pauvre des shooters, où le choix de la catégorie d’arme et de la munition importe au final assez peu…

A quoi ressemblera l’hélicoptère du futur ?

Pendant la guerre du Vietnam, l’hélicoptère s’impose comme l’élément central des manœuvres aéroterrestres. Depuis, les technologies comme les impératifs opérationnels ont changé mais, assez paradoxalement, pas les appareils qui ont au final peu évolué. Cela devrait pourtant bientôt changer, puisque plusieurs programmes, portés par l’US ARMY, l’OTAN et des industriels, viennent esquisser ce que sera peut-être l’hélicoptère de demain.

 

Faire le deuil du Comanche…

Au milieu des années 80, les armées américaines mettent tous leurs espoirs dans la furtivité, qui sera selon elles le game changer du 21ème siècle.

De fait, alors que le mythique hélicoptère de combat Apache entre à peine en service en 1984 (il l’est toujours aujourd’hui, et sa version la plus moderne, le Longbow, est même devenue un grand succès commercial), l’US ARMY lance le programme Light Helicopter Experimental (LHX), qui doit aboutir à un engin de combat totalement furtif. Boeing et Sikorsky mettent au point, pendant 10 ans, un prototype qui est finalement présenté en 1996.

Le RAH 66 Comanche est effectivement un appareil avant-gardiste et doté d’une furtivité exceptionnelle (radar, thermique et sonore), mais la Guerre froide est terminée : les prévisions de commandes passent de 5.000 appareils à 600 et le programme, dont les coûts ont explosé, est définitivement abandonné en 2004.

Finalement, c’est dans le jeu vidéo que le Comanche aura eu une superbe carrière, de la série éponyme débutée il y a 20 ans jusqu’au plus récent Arma 3 qui, imaginant un conflit dans les années 2030, va en proposer une version modernisée…

 

… et de la furtivité.

Avec la mort du Comanche, c’est une certaine idée du futur des voilures tournantes qui disparaît : un hélicoptère n’est pas fait pour être furtif (tout comme un avion à décollage court ou vertical d’ailleurs, ce qui explique l’échec patent du F35B).

Un des meilleurs exemples de cette quête vaine est l’opération Neptune Spear en 2011, qui conduit à la  neutralisation d’Oussama Ben Laden. Au cours du raid, deux Black Hawk équipés d’un fuselage expérimental censé améliorer la furtivité radar, thermique et sonore (ils sont alors surnommés par la presse les Ghost Hawks) seront utilisés mais l’un d’entre eux se crashera, en raison de l’instabilité provoquée par le carénage, particulièrement au ras du sol.

  

Travaux américains sur le fuselage d’un Black Hawk.

Un “Ghost Hawk” reconstitué pour le film Zero Dark Thirty en 2012.

 

De fait, si l’hélicoptère furtif reste en vogue dans les jeux vidéo (comme dans Arma 3 où l’on trouve un Blackhawk furtif devenu le principal hélicoptère de manœuvre de l’US ARMY en 2030, et même une version furtive du CH-47 Chinook ), dans la réalité, il reste un fantasme de designer !

Ci-dessus les concepts furtifs créés par Bohemia Interactive pour Arma 3.

 

La vitesse avant tout ?

En réalité, la furtivité n’est pas vraiment un enjeu pour un hélicoptère qui se déplace à grande vitesse, et le plus souvent sous la couverture radar lors de vols tactiques…

Par contre la vitesse et l’endurance le sont et, malgré toutes ses limites, le concept des tiltrotor a ouvert le champ des possibles. Mais la technologie reste marginale et ne peut pas totalement supplanter les milliers d’hélicoptères en service (dont plusieurs milliers d’entre eux qui devront être remplacés, au sein des seules forces de l’OTAN, avant 2040).

De fait, c’est bien la rapidité et l’élongation qui sont au cœur de la réflexion actuelle : l’US ARMY et l’OTAN ont, d’ores et déjà, fixé comme exigence pour tous les futurs programmes une vitesse de croisière de 400 Km/h. Cela condamne, de fait, plusieurs modèles iconiques comme le Little Bird, que l’USSOCOM pourrait bien envoyer à la casse car il est incapable de suivre le rythme des appareils plus modernes.

Pour répondre à ce nouveau défi, aux Etats-Unis, le programme « future long-range assault aircraft » voit s’opposer le tiltrotor V-280 Valor et le SB-1 Defiant, un hélicoptère à rotors coaxiaux rigides et hélice propulsive et, en Europe, Airbus et son Racer sont aussi en concurrence avec d’autre projets hybrides.

Airbus doit faire voler le prototype de son hélicopter ultra-rapide Racer en 2022.

 

Quoiqu’il en soit, les capacités aujourd’hui espérées pour ces appareils futurs demanderont de véritables révolutions structurelles. L’hélicoptère de demain sera donc, en apparence, différent, voire très différent, de celui que nous connaissons aujourd’hui.

Les années qui viennent vont constituer un formidable laboratoire pour la conception de l’hélicoptère du futur. Plusieurs doctrines sont à ce stade en compétition, et le jeu vidéo pourrait bien s’en inspirer pour ses scénarios et gameplays, sans nécessairement inventer des engins farfelus et sans aucune logique opérationnelle.